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Topo sur la tactique du Front unique

mercredi 19 septembre 2012, par Secrétariat jeune


Introduction :

- Elle fait l’objet de débats dans la IV éme internationale : le front unique, que dans les luttes ou peut-il y avoir un front social et politique, y compris dans un même parti ?

- Retracé l’historique et en quoi cette tactique est toujours d’actualité pour les révolutionnaires aussi bien dans les pays capitalistes avancés que dans les pays sous domination impérialistes, pays avec gouvernement bourgeois, ou bourgeois-ouvrier

- Distinguer front unique (unité d’action avec plusieurs orgas du mouvement ouvrier) et front prolétarien (unité d’action de l’ensemble du prolétariat)

Plan :

- historique

- Front unique : enjeux tactique et stratégique (théorie, qu’est qu’on retient de l’exemple historique)

- Pourquoi c’est un outil nécessaire et utile auj pour les révolutionnaires

Historique :

La théorie du front unique a d’abord été développée, au sein de la IIIème Internationale (Internationale communiste), dans un contexte précis, celui du coup d’arrêt donné à la vague révolutionnaire qui suit la première guerre mondiale après les échecs subis en Italie et en Allemagne.

Pour recontextualiser, à ce moment là, les communistes se sont détachés des partis sociaux démocrates qui venaient de soutenir la guerre inter-impérialiste qu’était la 1ere guerre mondiale. Et lpoussée révolutionnaire qui met fin à cette guerre et l’exemple de la révolution russe conduisent à la création de partis communistes, parfois de masse, dans la majorité des pays développés. C’était avant le stalinisme, donc c’est pas la même chose que les PC qu’on connait auj, c’était des partis révolutionnaires.

Mais lorsque se tient le troisième congrès de l’Internationale communiste à l’été 1921, le contexte a changé. La vague révolutionnaire a connu des revers, avec principalement les défaites subies en Italie et en Allemagne. Echecs qu’on peut bien sûr attribuer aux nouvelles trahisons des directions social-démocrates qui deviennent des remparts de l’ordre capitaliste en paralysant le mouvement comme en Italie, voire en prenant la tête de la répression comme en Allemagne. Ces échecs sont aussi en partie attribuables au manque de maturité des courants révolutionnaires qui n’ont pas estimé correctement l’état réel des rapports de force.

C’est notamment au travers de la lutte contre le fascisme en Allemagne que Trotsky élabore la théorie du front unique. A ce moment là, le PC allemand refuse toute alliance tactique avec les sociaux-démocrates, alors même que le danger fasciste est présent.

Ils se focalisaient juste sur la nécessité de dénoncer les dirigeants réformistes comme des traitres. Le pb étant qu’en ne s’adressant à la base par la propagande politique, on ne s’adresse qu’à la minorité déjà convaincu (avec lesquels il faut entretenir des liens étroits), mais cela n’est pas suffisant. Pour vaincre le fascisme il fallait un mouvement de masse ; et pour le faire naître il fallait proposer un accord pratique aux directions réformistes pour entraîner la masse des travailleurs. C’est une fois dans la lutte que les ouvriers influencer par les directions réformistes seront gagnés à la perpective révolutionnaire, car les réformistes s’opposeront et freineront le mvt comme elles l’ont tjs fait. Et c’est bien dans la lutte, dans la pratique à fond de l’action collective que la cs de classe évolut ét s’éleve.

Au sein de la IIIeme internationale, les principaux dirigeants, en particulier Lénine et Trotsky argumentèrent qu’il était au contraire essentiel pour accroître leur influence que les communistes trouvent le moyen de lutter aux côtés de ces travailleurs sur des questions spécifiques qui puissent unir de larges fractions de la classe ouvrière, notamment la lutte contre le fascisme. Pour eux, si les dirigeants réformistes ont pu paralyser la révolution c’est parce qu’ils gardent une légitimité auprès de sections importantes de la classe ouvrière ou, ce qui revient au même, ces sections n’ont pas été gagnées à la perspective des communistes. EX rev russe Kornilov-Kerenski ?

Le front unique : enjeux tactique et stratégique

La politique du front unique a une double dimension, tactique et stratégique :

(tactique= comment gagner une bataille, ex= sur les retraites ; stratégie= comment gagner la guerre, ex=la révolution.)

tactique= l’unité d’action du mouvement ouvrier tel qu’il est sur la base d’un contenu qui fait progresser sa force et sa conscience

stratégique= dans le sens où nous essayons de lier nos propositions d’intervention dans la lutte de classes courante avec des facteurs qui créent les conditions pour que « l’émancipation des travailleurs soit l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », Marx.

Rmq : CS de classe s’élève : c’est dans la lutte commune que les travailleurs perdent leurs illusions sur les institutions, la police, et prennent cs de leurs intérets communs opposé à celui du patronnat, cs de leur force et de leur nb...

De cela on peut conclure qu’une politique de front unique dirigée vers les partis réformistes est une composante tactique de l’orientation générale stratégique. Elle n’est donc que cela : un élément et non un substitut à cette orientation. Et cela est particulièrement vrai du fait que l’unification et la politisation maximales de l’ensemble du prolétariat requiert tout autant la participation des travailleurs socialistes et communistes et une rupture de la grande majorité de ces travailleurs avec les options de collaboration de classes des appareils bureaucratiques.

Mais la constitution d’un front unique, et donc la dynamique liée à l’unité de la lutte n’est pas suffisante pour que les ouvriers entrent en rupture avec les réformistes et soient gagnés à nos idées. Elle est utile à la stratégie d’unification du prolétariat et à l’élévation de sa conscience de classe seulement si l’on rassemble une série de conditions :

1. l’unité autour d’une revendication concrète et d’actualité de la lutte des classes, qui partent de la cs actuelle des travailleurs ; ex : contre les conséquences de l’austérité : licenciement, suppression de postes...

2. les propositions doivent engager l’action pratique

3. les propositions doivent déclencher un processus de mobilisations, de luttes et, à arrivé à un certain point, d’auto-organisation des masses du fait de l’extension du front ou de la lutte pour l’obtenir. Ce processus, qui est en relation avec le rôle croissant joué par le parti révolutionnaire, accentue la force objective du prolétariat, augmente son auto-confiance, élève le niveau de conscience, amène des secteurs massifs de la classe ouvrière à rompre avec l’idéologie et la stratégie réformistes et alimente la capacité des travailleurs à aller dans l’action au-delà du contrôle des appareils bureaucratiques. => ce cadre (l’alliance tactique avec d’autres orgas réformistes) est utile s’il permet d’être dépassé, par l’auto-organisation des travailleurs mobilisés ; dans ce cas, le cadre de front de lutte avec les autres organisations n’est plus utile, et son maintien serait même un frein car les réformistes vont essayer de « saboter la lutte » ; ex : collectifs la retraite une affaire de jeunes ont disparu et été remplacé par des comités des lutte, qui organisaient les jeunes au delà des organisations. Les réformistes continuaient de construire ce cadre notamment au travers du cortège dans les manifestations, tandis que nous, nous avonc chérché à avoir un cortége du mouvement étudiant et lycéen. Le FDG (réformiste) a notamment appelé, au moment le plus haut du mvt, à un référundum pour recadrer la lutte dans la case institutionnelle, ce qui aurait empêcher la lutte d’aller au delà de la revendication des retraites. 

4. L’appel au front unique doit s’accompagner de la préparation et de l’appel aux travailleurs afin qu’ils prennent eux-mêmes l’initiative et trouvent les solutions à leurs problèmes au travers de leurs mobilisations, de leurs luttes et de leur auto-organisation au niveau le plus haut possible. Le front unique doit faciliter et stimuler ces différents processus et ne peut en être un substitut. => dualité de pouvoir. Quand les travailleurs occupent leurs entreprises et se servent de leurs outil pour la lutte, ou à un niveau plus haut, reprennent en main la production à leurs fins. Ex= Récemment en Grèce, les salarié-e-s du journal quotidien Eleftherotypia, ont pendant leurs mois de grève, publié des « éditions de grève », et les salarié-e-s de l’hopital important d’Athénes, Sotiria, ont occupé les bureaux de l’administration et fait des arrêts de travail. Et à un niveau plus haut, à Paris, pendant le mouvement de Mai 68, le C.L.E.O.P (comité de liaison étudiants-ouvriers-paysans) a organisé des convois de ravitaillement approvisionnés auprès des coopératives agricoles, qui distribuèrent les produits dans les usines ou les leur vendait au prix coûtant (poulets à 80 centimes de francs, oeuf à 11 cts).

On peut résumer tout ça dans la fameuse citation de Trotsky : « marcher séparément, frapper ensemble ».

Frapper ensemble= les 2 premiers points= unité d’action autour d’une revendication minimale qui puissent mobiliser majoritairement les travailleurs.

Marcher séparément= et donc avoir un parti révolutionnaire indépendant des réformistes, car sans ça, les 2 autres composantes, celles de l’extension du mouvement et l’auto-organisation et la dualité de pouvoir jusqu’à atteindre la prise du pouvoir par les travailleurs n’auront pas lieu sans l’intervention des révolutionnaires.

Pour ça, 5 régles à respecter (définies par les marxistes russes pour lutter contre le tsarisme : 1) Ne pas mélanger les organisations, 2) Ne pas renoncer à ces propres revendications politiques, 3) Ne pas cacher les divergences d’intérêts, 4) suivre son allié comme on file un ennemi, 5) Se soucier plus d’utiliser la situation créée par la lutte que de préserver un allié.

Le syndicat est la forme élémentaire du front unique dans la lutte économique.

Le conseil ouvrier (le soviet) est la forme la plus élevé de front unique qd arrive pour le prolétariat le moment de la lutte pour conquérir le pouvoir. (Le soviet= représentant de classe du prolétariat avec différentes tendances politiques et différents niveaux de conscience= possibilité organisationnelle d’unir nos forces dans la lutte révolutionnaire.). Les collectifs (féministes, LGBTI, palestine, antiraciste...) s’ils ne remplissent pas ces conditions, ne sont pas des cadres de front unique, mais des cadres de propagande plus large. Nous ne sommes pas pour l’unité comme principe. Si nos idées étaient hégémoniques dans la société (politiquement et organisationnellement), nous n’aurions pas besoin de front unique et donc de soviets… Mais cela voilà, lors du fonctionnement « normal » du capitalisme, c’est l’hégémonie du réformisme qui influence la classe ouvrière.

La politique du front unique est alors la médiation indispensable qui permet aux révolutionnaires de se lier aux masses.

Pourquoi le Front unique aujourd’hui ?

Période : nous sommes tous d’accord pour dire que nous sommes dans une crise aigü du système que la bourgeoisie tente de nous faire payer à coups d’attaques sans précédent. Et c’est toujours le réformisme qui influence la classe ouvrière.

Dans ce contexte un des travers serait de ne s’adresser qu’à la base des travailleurs influencés par le réfomisme ou la base des militants réformistes, et pas aux directions réformistes. En faisant uniquement cela, on ne s’adresse qu’aux travailleurs déjà convaincus, et non à la masse. C’est sous éstimer le poids des directions réformistes sur les travailleurs et son dépassement dans la lutte collective.

Mais dans ce contexte, certains avancent l’idée d’un front unique d’un type nouveau : l’alliance politique entre les réformistes et les révolutionnaires autour d’un programme minimum, au travers d’alliance élécorale ou au sein d’un même parti. Pour ces camarades, l’analyse de la situation est mauvaise : les luttes sont éparses, elles ne gagnent pas, travailleurs démoralisés et n’ont plus confiance pour lutter... Et donc pour eux, ce qui servirait à débloquer ça, c’est d’avoir bcp d’élus dans les institutions, pour donner confiance aux travailleurs pour lutter et et faire passer nos idées.

Même si nous pouvons partagé une partie de l’analyse : que les luttes sont fragmentés, et n’ont pas eu de victoire significative, le mvt ouvrier n’en est pas pour autant écrasé. Nous sommes dans une période d’actualité de la révolution où des luttes de masses ont eu lieu (retraites en France, Jeunes au Chili, Grèce, Etat Espagnol, Québec...) ; y compris des luttes de masses qui ont ressurgit dans des pays où il n’y en avait pas eu depuis longtps (Angleterre, Etats-Unis, Russie), et évidement les processus révolutionnaire en Tunisie et en Egypte qui continuent. Mais pour que ces luttes soient victorieuses, il y a besoin d’un parti délimité programmatiquement (le socialisme) et stratégiquement (la révolution) suffisamment implanté dans la classe ouvrière pour porter nos objectifs dans les cadres de front unique (inter-orgas, assemblées générales, conseils ouvrier). Ne pas avoir cet outil qu’est le parti révolutionnaire reviendrait à se laisser bouffer par les réformistes et à ainsi renoncer à la lutte contre l’exploitation et les oppressions. Car si les directions réformistes peuvent être des alliés tactique pour contribuer à unifier la classe, elles demeurent stratégiquement des énemis en puissance.

Mais ça ne suffit pas de dire ça car ces mêmes camarades qui théorise le front politique, théorise d’être une organisation séparé dans ce front ou parti (ex : GA dans le FDG ; Kokino dans Syriza...). Mais ce n’est pas la même chose et 2 aspects paralysent leur action :

le parti, même large et/ou réformiste, n’est pas l’expression organique de toute la classe. Par conséquent, ce qui intervient dans la classe, c’est le parti réformiste (et donc son programme et sa stratégie), et non pas les anticapitalistes et révolutionnaires du parti réformiste. La cs de classe s’élève dans la lutte. Or, les partis réformistes sont tournés vers la conquête du pouvoir par la voie éléctorale.

Evidemment, toute unité politique n’est pas a rejeté, cela peut dépendre du contexte politique des pays... Par exemple, la campagne unitaire contre le TCE en France, et le référundum sur l’eau en Italie, ont été des victoires et on permis de faire de la politiue à gde échelle. Mais dans ces 2 cas, c’est les gouvernements qui ont lis en place ces référundums, et dans un contexte où il n’y a pas de lutte ça peut être utile de s’en saisir. En revanche, en aucun cas il ne peut se subsituer à la lutte (comme la proposition de référundum sur les retraites par le FDG). Ces campagnes ont été utiles mais restent limité du point de vue stratégique : elles ne permettent pas d’aller au delà de la revendication principale, et une fois que le reférundum a eu lieu, tout est terminé.

Et pour conclure, 2 exemples de ce qu’il ne faut pas faire et de la nécessité du front unique ouvrier : en Grèce, le KKE (PC grec) ne fait aucune démarche unitaire dans la lutte, et appelle à ses propres dates de manifs, ce qui dispersent les travailleurs ; et de la même manière l’intervention de Kokino (camarades de la IV) dans Syriza ne fait pas avancer la lutte de classe car siriza tourné vers les éléctions.

Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est de tjs s’adresser aux orgas du mvt ouvrier pour frapper ensemble, l’unité dans la lutte, et surtout faire converger les luttes isolées (notamment contre les licenciements en France).

Petite citation de Trotsky qui résume bien les choses :

« Si le Parti Communiste n’avait pas réalisé la rupture radicale et décisive avec les social-démocrates, il ne serait jamais devenu le parti de la révolution prolétarienne. Il n’aurait pu faire le premier pas sérieux dans la voie de la révolution. Il serait resté pour toujours une soupape de sûreté parlementaire de l’État bourgeois.

Ne pas le comprendre c’est ignorer la première lettre de l’alphabet du communisme.

Si le Parti Communiste ne cherchait pas à trouver les voies d’organisation susceptibles de rendre possible à chaque moment donné des actions communes concertées entre les masses ouvrières communistes et non-communistes (social-démocrates compris), il prouverait par cela même son incapacité de conquérir la majorité de la classe ouvrière par des actions de masse. Il dégénérerait en une société de propagande communiste et ne se développerait jamais en parti de conquête du pouvoir. »