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« ISLAMOPHOBE, OUI... RACISTE, BIEN SÛR QUE NON ! »

lundi 7 octobre 2013, par Secrétariat jeune


La crise du capitalisme occidental est aussi une crise de civilisation : l’Occident voit son leadership remis en cause par l’émergence de nouvelles puissances. Cette crise est aussi celle du contrôle des ressources énergétiques. Ces problèmes se règlent en partie à coups d’interventions militaires et de tentative de coups d’État dans les pays arabo-musulmans.

L’islamophobie, une passion française

En France, depuis les années 1960 : les populations immigrées issue des anciennes colonies françaises se sont retrouvées confrontées, dans les médias, à l’école, au travail, à l’invisibilité et à la négation de leur histoire et des crimes de la France (colonialisme, esclavage, racisme...), à la relégation sociale, la ghettoïsation, au racisme quotidien.

L’intégration promise ne correspond pas à une volonté d’accepter les immigrés tels qu’ils sont, mais de les dépouiller de leur identité pour en faire des « bons Français ». Une fille voilée, un jeune de quartier qui participe à des révoltes contre un crime policier, une personne qui se convertit à l’Islam... Tous ces comportements sont jugés déviant ou non conformes aux « standards » de la société française.

L’islamophobie est une réponse de la classe dominante à la contestation de celles et ceux qu’on a appelé les « deuxième » et « troisième génération » d’immigrés. Si la plupart ont la nationalité française, ils doivent en permanence prouver leur volonté de « s’intégrer » et d’abandonner leur culture d’origine.

Des faits divers sont instrumentalisés, des sujets de société montés en épingle. La même grille d’analyse se développe autour de débats aussi différents que le « voile à l’école » (jusqu’au voile tout court...), « les tournantes dans les caves », « les prières de rue », les Merah, Kelkal, le « halal » et les moutons dans la baignoire. À chaque fois, c’est cet étrange étranger aux coutumes étranges qui est stigmatisé. La majorité d’entre eux ayant des papiers français, on ne parle plus d’« étrangers » mais de « musulmans » (parfois « d’apparence ») ; l’appelation permet d’englober cette masse post-coloniale débarquée de l’autre côté de la Méditerranée.

2013 : regain de tension

Les actes islamophobes recensés sont en constante augmentation. La parole islamophobe s’est libérée et « démocratisée » (de Marine Le Pen à Manuel Valls en passant par Caroline Fourest...). En face, les organisations « antiracistes » traditionnelles sont tétanisées par une tradition « laïcarde » qui voit la défense des musulmans et notamment des femmes voilées comme un retour en arrière, une alliance contre-nature.

Pourtant, les femmes (87 %) et notamment celles qui portent la voile (76 % des cas), sont les premières victimes des agressions recensées par les associations. Les lois successives sur le voile et la volonté affichée d’aller plus loin (proposition d’interdire le voile à l’université voire dans tous les lieux publics) décomplexent une violence aussi raciste que sexiste.

Cette flambée d’actes islamophobes trouve une autre origine : dans le mouvement de la « Manif pour tous », renforçant les groupes d’extrême droite qui s’en sont pris aux LGBT mais également aux musulmanes portant le voile. Des agressions ont été recensées pendant tout l’été, avec comme point culminant la provocation policière à Trappes pendant le mois de Ramadan.

Sur le plan international, il est également ironique de voir que la réticence de l’opinion à entrer en guerre contre Bachar Al-Assad est pour partie liée au fait qu’il n’est pas un « islamiste » ou un « terroriste djihadiste ». Parce qu’en Syrie, les islamistes seraient du côté des « résistants », nous ne pourrions pas déstabiliser un régime qui, finalement, ne fait de mal qu’à son peuple.

Ce sont là les deux ressorts de l’islamophobie : justifier l’oppression des populations, les guerres en Afrique et au Moyen-Orient, par des valeurs prétendues universalistes et droits-de-l’hommistes tout en maintenant un ordre raciste dans les pays impérialistes.

Ce sont également là les deux axes d’une politique antiraciste conséquente.

Hichem (Comité jeunes Sorbonne)