Le mythe de l’insécurité
samedi 3 avril 2010, par Secrétariat jeune
Le thème de « l’insécurité » est fréquemment mise en avant lors des campagnes électorales, c’est un thème porteur aussi bien pour les médias, que pour la droite réactionnaire ou pour la « gauche » cogestionnaire et libérale.
Il faut rappeler d’abord que la possibilité d’être tué ou blessé lors d’une agression est infime. Chaque année, on compte quelques centaines de crimes de sang, généralement commis par un membre de la famille ou un proche, et beaucoup plus rarement dans le cadre de règlements de comptes mafieux.
Les accidents de la route, domestiques ou du travail se comptent par dizaines de milliers. On a ainsi 200 à 300 fois plus de chances d’être tué en prenant le volant ou en effectuant un travail dangereux, que de recevoir une balle ou un coup de couteau. Concernant les agressions sexuelles, celles commises sur les enfants ont lieu le plus souvent dans les familles, voire dans les pensionnats religieux. La plupart des viols collectifs n’ont pas lieu lors de « tournantes en banlieue », mais lors des fins de bals de campagne.
Les licenciements, les délocalisations, les restructurations entraînent des millions d’individus dans la misère. Les conséquences de cette insécurité sociale là n’ont rien de comparables avec celles de la délinquance. En mettant en avant les actes de délinquance, les médias au service de la classe dominante cherchent à faire oublier la véritable insécurité, celle de perdre son emploi, d’être expulsé de son domicile, de se retrouver à la rue. On détourne ainsi l’attention des véritables victimes de l’insécurité, les classes populaires, en stigmatisant des boucs émissaires, la jeunesse précaire, souvent d’origine immigrée. La France est le second pays d’Europe derrière l’Irlande en nombre de flics par tête d’habitants.
La police est souvent vécue, en particulier par les jeunes, comme un élément d’insécurité : rafles, contrôles au faciès, insultes... La police n’est pas là pour protéger la partie la plus démunie de la population. Ce n’est pas sa fonction, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.
Il existe une petite délinquance et des comportements asociaux difficiles à vivre au quotidien et dont sont victimes les catégories sociales les plus démunies. Pour l’essentiel, ces comportements sont liés à la déliquescence sociale due au chômage, à l’absence de perspectives, au développement de l’individualisme, à la disparition des associations et organisations ouvrières dans les quartiers populaires. L’insécurité réelle ou le sentiment d’insécurité ne pourront reculer qu’avec un changement des relations et des mentalités au sein de la population. Ce changement ne pourra être imposé de l’extérieur, par des éducateurs, ou pire par les policiers qui sont le bras armé de la classe dominante. Il ne pourra provenir que de l’auto-organisation de la population, par la lutte, afin d’obtenir de meilleures conditions de vie. C’est en construisant de véritables organisations populaires, de lutte et massives, en oeuvrant à reconstruire une conscience de classe que l’on pourra redonner des perspectives, et ainsi faire reculer les comportements égoïstes et individualistes.