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Kenji KUNITOMI - Un an après la catastrophe nucléaire de Fukushima

dimanche 29 avril 2012, par Secrétariat jeune


Kenji Kunitomi est membre de la direction de la Ligue communiste révolutionnaire du Japon (JRCL, section japonaise de la IVe Internationale)

Un an a passé depuis l’immense tremblement de terre et le tsunami qui ont violemment touché et détruit des villes et des villages de la côte Nord-est du Japon. Environ 20.000 personnes sont mortes ou disparues, 341.000 ont été évacuées et de nombreuses personnes qui vivaient dans les zones affectées ont perdu les biens qui constituent les bases de leur existence au quotidien, comme leur maison, les transports publics, la santé, leur emploi et leur communauté.

De plus, l’épouvantable accident nucléaire à Fukushima Dai-ichi (n°1) a entraîné une situation encore plus dévastatrice pour la population de la préfecture de Fukushima. Le nombre de personnes évacuées, près des villes et des villages aux environs de la centrale nucléaire de Dai-ichi, a atteint le chiffre de 100.000. Ils ne pourront pas retourner dans leur ville pendant plusieurs décennies, en fait pendant une période indéfinie, à cause de la contamination radioactive de la terre, des rivières, de la mer et de l’air.

Le désastre nucléaire de Fukushima est loin d’être terminé. Les retombées radioactives causées par l’explosion de la centrale nucléaire diffusent continuellement des déchets radioactifs dans les environs de la centrale et cela aura des effets fatals en particulier sur la santé des femmes enceintes et des enfants.

Néanmoins, le Premier ministre Yoshihiko Noda, du Parti démocratique du Japon (DPJ), a déclaré en décembre dernier que le « refroidissement du réacteur en fusion de Dai-ichi était achevé ». Cependant, de nombreux experts craignent que cette déclaration du gouvernement n’ait d’autre objectif que d’apaiser la colère grandissante de la population concernant l’accident nucléaire et qu’elle pourrait servir à détourner l’attention des menaces toujours bien réelles en ce qui concerne la sûreté des réacteurs.

Actuellement, 52 des 54 réacteurs japonais sont à l’arrêt principalement pour effectuer une révision périodique ou pour un contrôle de sécurité. Les deux réacteurs encore en fonction vont aussi être arrêtés à la fin du mois d’avril. Pour éviter cette situation, le gouvernement et les capitalistes tentent de faire croire à une possible « pénurie de ravitaillement de l’électricité » dans une campagne qui joue sur l’anxiété populaire et qui laisse entendre que ce serait un désastre pour le bon rétablissement économique du Japon en entraînant une aggravation du chômage, etc…

Pour sauver les centrales nucléaires, le gouvernement DPJ et les capitalistes sont prêts à réactiver de nombreux réacteurs nucléaires après les avoir déclarés sûrs, grâce à des « spécialistes » cooptés. Sous pression du lobby nucléaire, le gouvernement a aussi promis le maintien de la politique d’exportation du nucléaire japonais.

Peu après la catastrophe de Fukushima, les Japonais ont pris conscience de l’absence de fondements des campagnes sur « la sûreté et la propreté » de l’énergie nucléaire. Des mères d’enfants et des jeunes, qui n’avaient jamais participé à des manifestations jusqu’à l’accident, ont été de plus en plus mobilisées, un phénomène en boule de neige.

Celles et ceux qui se sont mobilisés pour la première fois ont le sentiment très fort qu’ils sont « trompés par les médias dominants » et ils ont rejoint les manifestations à travers les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook.

Depuis septembre, un sit-in et une tente devant le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie a attiré beaucoup de monde, en particulier « les femmes de Fukushima contre les centrales nucléaires ». Cette tente contre le nucléaire et devenu un des symboles de la colère du peuple contre le gouvernement et la classe dirigeante. Ce phénomène nouveau s’inscrit dans le contexte du mouvement « Occupy the Streets » partout dans le monde, avec ses particularités propres.

La manifestation contre les centrales nucléaires le 11 septembre dernier, six mois après la catastrophe nucléaire, a mobilisé 60.000 personnes à Tokyo.

Le 11 mars 2012, les syndicalistes, les militants de la paix, les groupes civiques, les organisations de paysans et de pêcheurs appelaient aux rassemblements contre les centrales nucléaires dans tous le pays. Il y a eu des dizaines de manifestations, qui ont rassemblé plus de 100.000 personne : 16.000 ont manifesté dans les rues de Kohriyama, dans la préfecture de Fukushima.

14.000 manifestants ont encerclé le Parlement à Tokyo dans une immense chaîne humaine, 8.000 ont défilé dans le centre d’Osaka… Elles demandent des compensations pour toutes les personnes qui ont été affectées, la fermeture des centrales nucléaires, etc…

Nous espérons que ce mouvement social au Japon, en solidarité avec les personnes affectées par le tremblement de terre, le tsunami et la catastrophe nucléaire, permettra un changement des rapports de forces à travers le développement d’un mouvement antinucléaire.